Il ne faut pas rêver, quand on parle couches lavables, on entend plus « beurk » que « waouh » ! Mais quand on sait qu'un bébé changé aux couches jetables jusqu'à ce qu'il soit propre, c'est 1 200 € et une tonne de déchets qui mettront 200 à 500 ans à se décomposer, ça mérite réflexion.
À l'heure où on se décarcasse pour produire moins d'ordures, la question des couches n'est pas anodine. À Surgères, le très inventif Cyclad, syndicat de gestion des déchets du nord de la Charente-Maritime, a osé mettre le sujet sur le tapis. « Quand nous avons évoqué l'idée d'un projet incitatif autour des couches lavables en réunion publique, nous avons vraiment senti de la résistance. Du coup, nous n'en avons pas fait une priorité, mais, nous y reviendrons », raconte Gaëlle Merle, responsable communication.
Moins acheter, mieux vivre
Dans l'inconscient collectif, les couches lavables rappellent la lessiveuse et la mère asservie ! Pas top pour l'image de la femme. Mais quand on rencontre Moune Hognon à Taillant, qui en fabrique et en vend dans l'association qu'elle préside, L'Atelier éco'naturel (1), on comprend qu'il en va autrement.
« J'ai toujours fait moi-même : le jardin, la couture, les produits d'entretien et de beauté et même les teintures mères, les baumes, les sirops et autres huiles macérées pour mon bien-être. Du coup, la crise n'a pas changé ma vie car j'achète peu », raconte cette femme de 47 ans qui a arrêté son métier dans l'horticulture à la naissance de ses filles.
Celle qui habite une maison en bois avec ses roulottes et ses chevaux, a opté pour les couches lavables, comme une évidence. Car elle savait que les couches jetables sont bourrées de produits pas gentils pour la santé des bébés ! « Toujours dans l'idée de moins acheter, je les ai fabriquées. Et j'ai créé l'association en 2008 », déclare la bénévole.
Le principe de l'Atelier éco'naturel est simple : « Nous apprenons au public à être autonome, à se valoriser et à vivre mieux en fabriquant le plus possible soi-même en cosmétique, cuisine, entretien, jardinage, maternage et mieux-être. Je confectionne les couches pour les vendre car les parents ne cousent pas toujours. » Ainsi, l'association tient ses ateliers à Taillant, mais se déplace aussi à la demande ou sur les salons et les marchés.
Des couches bios
Les couches sont exemptes de produits chimiques, faites en chanvre et coton bio, avec culotte de protection en polyuréthane imperméable. Cousues dans des coloris gais, elles existent pour petits, ados et grands, et même sur mesure ! Rien à voir avec les langes d'antan, elles sont dotées de pressions en résine.
Pour compléter le tableau, Moune Hognon propose aussi lingettes, disques d'allaitement, serviettes hygiéniques en chanvre et polyuréthane toujours, le tout comme les couches, étant lavables à 40 ou 60°.
Passionnée de plantes médicinales, Moune Hognon tient à partager ses « recettes » avec le plus grand nombre. Voilà pourquoi elle collabore à la revue « Rebelle-Santé » où elle tient la rubrique… « fait maison » bien sûr ! Elle prépare même des livres sur le sujet pour toujours rappeler qu'« on n'a pas besoin de plus d'argent pour vivre mieux ».
KHARINNE CHAROV
k.charov@sudouest.fr
(1) L'atelier éco'naturel, « Chez Rateau », 17350 Taillant. 06 77 29 42 51 lateliereconaturel@laposte.net www.lateliereconaturel.net